Quand vous entrez dans un atelier, vous découvrez un univers riche de matières, de machines, de gestes, de répétitions, de sons. Chez nous, ce sont les machines à coudre qui résonnent. Les mains sont précises, les couturières œuvrent en complémentarité, exactement comme les musiciens d’un orchestre. Mais vous ne verrez jamais d’instrument dans un atelier de confection de jeans… ou plutôt, vous n’en aviez jamais vu jusqu’à présent !
Le plaisir d’émerveiller, les années de pratique pour exceller, la précision des gestes : nous les vivons autant derrière les machines que derrière les instruments. Nous avons travaillé, joué ensemble.
Ouvrez les yeux, ouvrez les oreilles : Le Vol du bourdon de Rimski-Korsakov célèbre la passion, la virtuosité, la précision, la répétition, tous ces fondamentaux qui mènent à l’excellence, quel que soit le savoir-faire.
Ce rapprochement entre industrie de la culture et culture de l’industrie, nous le concrétisons avec les musiciens de Manœuvre, en plein cœur de notre atelier de confection.
Découvrez ce morceau dans la vidéo ci-dessous !
Et si on mettait un piano dans l’atelier ?
« Mettre un piano dans l’usine, j’en rêve depuis dix ans », confie Thomas, fondateur de 1083. Ce rêve devient réalité à Rupt-sur-Moselle, où il s’est rendu avec la pianiste romanaise Aude-Liesse Michel pour jouer Le Vol du bourdon.
Ce nom ne vous dit rien ? Vous reconnaîtrez à coup sûr sa mélodie endiablée, jouée depuis plus de 130 ans par les plus grands orchestres… ou revisitée sur d’innombrables instruments.
Pour cette adaptation, nous avons choisi le piano. Mais pas n’importe lequel. Comme pour nos jeans, nous avons misé sur un savoir-faire local, à moins de 1083 km de chez nous : un piano Gary Pons, installé par Diapason, facteur de piano situé à seulement 40 minutes de notre atelier vosgien.

Ce piano en métal et plexiglas dévoile sa mécanique au cœur de notre chaîne de production. « J’aime les pianos qui racontent une histoire, et celui-là est hors du commun. L’intérieur est visible : on voit les marteaux, les feutres, les cordes… pas seulement les doigts qui s’agitent », raconte Aude-Liesse.
1083 km pour créer des jeans français
Un orchestre commun
« Notre projet, c’est de créer des vidéos qui mettent tous les savoir-faire au même niveau d’émerveillement. À tel point qu’on ne sache plus si ce sont les musiciens qui cousent, ou les couturières qui jouent de la musique », explique Thomas, qui accompagne la pianiste à la guitare basse.
Pour construire ce projet, Aude-Liesse et Thomas ont longuement échangé sur leurs pratiques respectives, après une première rencontre à Paris à l’automne 2024.

Ils partagent une passion commune pour la musique et une même exigence dans la maîtrise du geste. « Plus on discutait, plus on trouvait de parallèles entre nos deux métiers. Notamment ce temps de pratique invisible. Quand on achète un jeans ou qu’on assiste à un concert, on ne mesure pas les heures passées à le préparer, les micro-gestes, la précision d’une note ou d’une finition… tout ce travail de l’ombre pour que le résultat touche juste. C’est ça qu’on voulait mettre en lumière », confie Aude-Liesse.
Faire vibrer les spectateurs… et les ateliers
On connaît tous cette sensation à la fin d’un concert : « Déjà fini ? » La même émotion peut naître après une visite d’atelier. C’est de là qu’est née l’idée d’élargir ce projet musical à d’autres savoir-faire. Mettre en lumière d’autres gestes ouvriers, valoriser ce que le mot ouvrage signifie aussi : œuvre, maîtrise, meilleur ouvrier de France.
« En musique, en apprentissage, dans le sport, partout : être capable de répéter est une compétence fondamentale pour exceller. C’est exactement pareil dans l’industrie. Maîtriser les savoir-faire, c’est acquérir le pouvoir de créer. En associant les gestes des ateliers et ceux de la musique, on veut rappeler que derrière les vêtements qu’on aime, derrière la musique qu’on aime, il y a des femmes, des hommes, leurs mains, leur expérience, et des années d’apprentissage », conclut Thomas.
Depuis 1 an et demi déjà…
Depuis que le facteur de trompettes Adrien Jaminet nous a reconnectés à la musique, et qu’Ibrahim Maalouf a fait résonner sa trompette TOMA dans nos vêtements, ce vieux rêve d’installer un piano dans l’atelier est devenu réalité. Le temps d’une fête de la musique, pour faire savoir la valeur de nos savoir-faire.